CONCERNANT LE FILM
Pendant plus d’un siècle, des Noirs Américains, notamment des écrivains, des musiciens et des artistes, sont venus à Paris pour se libérer du racisme dont ils étaient victimes dans leur pays. Pourquoi ont-ils choisi la France ? Pourquoi ont-ils fasciné les Français ? Et dans quelle mesure la France est-elle ou a-t-elle vraiment été un pays sans discrimination raciale ?
Le film explore ces questions et enquête sur les formes de racisme dont sont victimes aujourd’hui en France les Noirs Américains, ainsi que les Africains et les autres personnes non blanches. Il retrace la vie de Noirs Américains célèbres qui ont immigré en France, en particulier Joséphine Baker, James Baldwin, Richard Wright, Beauford Delaney, Augusta Savage, Barbara Chase-Riboud et Lois Mailou Jones. Il donne également à voir des images rarement montrées d’Henry Ossawa Tanner à Paris.
La France rêvée des Noirs américains (Myth of a Colorblind France) contient des interviews de Michel Fabre (auteur d’une biographie remarquée de Richard Wright) ; Francis Hofstein, psychanalyste et grand spécialiste du jazz ; James Emanuel, poète ; Tyler Stovall, historien ; Thomas Allen Harris, cinéaste ; Quik, street-artiste ; Ben the Glorious Bastard, producteur de musique hip hop ; Karim Touré, percussionniste ; et bien d’autres encore.
Le film explore ces questions et enquête sur les formes de racisme dont sont victimes aujourd’hui en France les Noirs Américains, ainsi que les Africains et les autres personnes non blanches. Il retrace la vie de Noirs Américains célèbres qui ont immigré en France, en particulier Joséphine Baker, James Baldwin, Richard Wright, Beauford Delaney, Augusta Savage, Barbara Chase-Riboud et Lois Mailou Jones. Il donne également à voir des images rarement montrées d’Henry Ossawa Tanner à Paris.
La France rêvée des Noirs américains (Myth of a Colorblind France) contient des interviews de Michel Fabre (auteur d’une biographie remarquée de Richard Wright) ; Francis Hofstein, psychanalyste et grand spécialiste du jazz ; James Emanuel, poète ; Tyler Stovall, historien ; Thomas Allen Harris, cinéaste ; Quik, street-artiste ; Ben the Glorious Bastard, producteur de musique hip hop ; Karim Touré, percussionniste ; et bien d’autres encore.
Questions à aborder avant de voir le filM
- Une traduction littérale du titre anglais serait « La légende d’une France sans discrimination ». Que signifie le mot « légende » dans ce contexte ?
- Il peut y avoir des sens contradictoires dans la notion de « légende ». Lesquels ? Auxquels pensez-vous en premier quand vous entendez ce mot ?
- Une « légende » est-elle vraie ou fausse ?
- Une « légende » peut-elle être une stratégie ?
- Une « légende » peut-elle être une chance à saisir ou une occasion favorable ?
- Quand vous entendez le titre anglais « La légende d’une France sans discrimination », à quoi pensez-vous en premier ?
Questions après le film
- Est-ce que le film a changé votre définition du mot « légende » ?
- Si oui, en quoi ?
- Et maintenant, quand vous entendez « La légende d’une France sans discrimination », à quoi pensez-vous ?
- Qu’est-ce qui vous a surpris dans le film ?
- En ce qui concerne la race, qu’estu’est-ce que veut dire « sans discrimination » ? En France ? Aux États-Unis ?
- Citez quelques-unes des raisons historiques pour lesquelles des Noirs Américains ont vu la France comme un pays sans discrimination.
- Citez des Noirs Américains célèbres dont les témoignages ont contribué à façonner l’image d’une France sans discrimination.
- Pourquoi certains Français voient (ou aimeraient voir) la France comme un pays sans discrimination ?
- Qu’est-ce que l’universalisme français ?
- Qu’est-ce que le racisme ?
- Qu’est-ce que le privilège ?
- Pensez-vous bénéficier de certains privilèges ?
- Si oui, lesquels ?
- Sur le plan racial, les Noirs Américains résidant en France n’ont pas les mêmes perceptions ni le même vécu qu’aux États-Unis. Quelles sont les différences ? Et quelles sont les différences entre leurs perceptions et leurs expériences et celles des Blancs Américains en France ? Des Français blancs ? Des Africains en France ? Des Noirs de France ?
- Les Français blancs ne voient pas les Noirs Américains comme les Noirs de France ou les Africains. Pourquoi ?
- Citez quelques formes de manifestation du racisme en France.
- Qu’est-ce qu’un film documentaire ? Qu’attend-on d’un tel film ? Comment analyse-t-on un tel film ?
- En quoi « La France rêvée des Noirs américains. Être noir à Paris » est-il un film documentaire ? En quoi est-il différent des documentaires télévisés ?
- En quoi la position de chacun ou son identité influence-t-il son regard sur le film « La France rêvée des Noirs américains. Être noir à Paris » ? En quoi cela influence-t-il les préjugés de chacun sur le film, sur la légende d’une France sans discrimination et sur la notion de privilège ?
- Après avoir vu le film, aimeriez-vous en savoir plus sur une personne ou un événement mentionné dans le film, et si oui, lequel/le ?
EXTRAITS DE
« Muslim Girls and the Other France: Race, Identity Politics, and Social Exclusion » (Les jeunes filles musulmanes et l’autre France : race, considérations politiques identitaires et exclusion sociale)
de Trica Danielle Keaton (non paru en France)
préface de MANTHIA DIAWARA
PRÉFACE
Chère France, Tu as semé ta devise – « Liberté, Égalité, Fraternité » – dans tes colonies les plus lointaines, et voilà que cela se retourne contre toi. Les Noirs et les Arabes de France sont venus te voir pour réclamer plus de droits individuels. Ils font partie de toi, comme tu fais partie d’eux, car tu les as portés en ton sein. Ils ont grand besoin de toi pour réaliser leur rêve de démocratie, d’égalité des droits avec tes autres enfants et de dignité individuelle. Et toi, France, tu as besoin d’eux pour affronter les nouveaux défis mondiaux liés aux migrations, aux marchés transnationaux et aux positions identitaires multiples. Désormais, le monde te jugera selon qu’ils embrassent ou qu’ils rejettent ta doctrine de l’universalisme. Tu es un phare de la démocratie dans le monde. Mais le maintien de cette position dépendra dorénavant de la prospérité de tes enfants noirs et arabes… |
Dans son nouvel ouvrage, Trica Keaton livre une analyse minutieuse des difficultés rencontrées par les Arabes et les Africains de la banlieue de Paris, ta capitale si emblématique. En tant que Noire Américaine, elle a fait l’expérience directe du racisme dans son pays. Mais c’est en tant que chercheuse en sciences sociales, formée auprès des plus grands de tes intellectuels, qu’elle se penche sur tes nouveaux citoyens et candidats à la liberté, l’égalité et la fraternité.
Trica Keaton a consacré plus de six années à enquêter sur le terrain et à se documenter dans les archives sur tes enfants d’origine africaine ou arabe nés à Paris ou en banlieue. Elle les a suivis à l’école, où on leur inculque les valeurs de l’assimilation, de l’unité nationale et de l’égalité universelle des individus et elle les a accompagnés chez eux, dans leurs quartiers, où ils sont discriminés par ta police et tes services publics. Elle a révélé de nombreuses contradictions entre ce que tu leur as promis à l’école et ce qu’ils vivent au quotidien.
France, ce qui tu vas découvrir dans l’ouvrage de Trica Keaton ne te plaira sans doute pas. Mais souviens-toi des paroles de Jean-Paul Sartre dans la préface à l’Anthologie de la nouvelle poésie nègre et malgache de langue française de Léopold Sédar Senghor. Il soutenait que les Français n’aimeraient pas être vus ni jugés par ceux qu’ils avaient colonisés, eux qui avaient joui « du privilège de voir sans qu’on [les] voie »[1], et qu’ils n’entendraient pas volontiers que le colonialisme est une oppression criminelle. Il estimait néanmoins nécessaire que les Français entendent ce que les Noirs, les Arabes et les autres « damnés de la Terre » avaient à dire. À l’époque, les conditions étaient telles que des mouvements de décolonisation éclatèrent – d’abord en Indochine, puis en Algérie. À Paris, les poètes de la négritude rendaient leur regard aux Français, qui devenaient les objets de leur observation, dans un monde en rapide évolution. Sartre avait raison de penser que les Français devaient chercher à comprendre ce que l’autre partie avait à dire. Il écrivit même que la poésie éditée par Senghor était « la seule grande poésie révolutionnaire »[2] de l’époque.
Le livre de Trica Keaton ne parle pas de colons et de colonisés, ni même d’immigration, bien qu’il puisse être lu ainsi. Il parle de tes enfants dont les ancêtres sont issus du colonialisme, voire de l’esclavagisme. En comptant les départements et régions françaises des Antilles, il y a aujourd’hui plus de huit millions de personnes originaires d’Afrique noire ou du Maghreb en France. Ces personnes subissent des humiliations de la part des autorités et voient leurs droits civiques et civils continuellement bafoués par des individus qui les traitent comme des étrangers uniquement à cause de leur couleur de peau. Leur vie en métropole, tel est le sujet de l’ouvrage de Trica Keaton.
[1] Note de la traductrice :
Jean-Paul Sartre, « Orphée noir », in : « Anthologie de la nouvelle poésie nègre et malgache de langue française», Léopold Sédar Senghor, page IX.
[2] Ib idem, page XII.
Trica Keaton a consacré plus de six années à enquêter sur le terrain et à se documenter dans les archives sur tes enfants d’origine africaine ou arabe nés à Paris ou en banlieue. Elle les a suivis à l’école, où on leur inculque les valeurs de l’assimilation, de l’unité nationale et de l’égalité universelle des individus et elle les a accompagnés chez eux, dans leurs quartiers, où ils sont discriminés par ta police et tes services publics. Elle a révélé de nombreuses contradictions entre ce que tu leur as promis à l’école et ce qu’ils vivent au quotidien.
France, ce qui tu vas découvrir dans l’ouvrage de Trica Keaton ne te plaira sans doute pas. Mais souviens-toi des paroles de Jean-Paul Sartre dans la préface à l’Anthologie de la nouvelle poésie nègre et malgache de langue française de Léopold Sédar Senghor. Il soutenait que les Français n’aimeraient pas être vus ni jugés par ceux qu’ils avaient colonisés, eux qui avaient joui « du privilège de voir sans qu’on [les] voie »[1], et qu’ils n’entendraient pas volontiers que le colonialisme est une oppression criminelle. Il estimait néanmoins nécessaire que les Français entendent ce que les Noirs, les Arabes et les autres « damnés de la Terre » avaient à dire. À l’époque, les conditions étaient telles que des mouvements de décolonisation éclatèrent – d’abord en Indochine, puis en Algérie. À Paris, les poètes de la négritude rendaient leur regard aux Français, qui devenaient les objets de leur observation, dans un monde en rapide évolution. Sartre avait raison de penser que les Français devaient chercher à comprendre ce que l’autre partie avait à dire. Il écrivit même que la poésie éditée par Senghor était « la seule grande poésie révolutionnaire »[2] de l’époque.
Le livre de Trica Keaton ne parle pas de colons et de colonisés, ni même d’immigration, bien qu’il puisse être lu ainsi. Il parle de tes enfants dont les ancêtres sont issus du colonialisme, voire de l’esclavagisme. En comptant les départements et régions françaises des Antilles, il y a aujourd’hui plus de huit millions de personnes originaires d’Afrique noire ou du Maghreb en France. Ces personnes subissent des humiliations de la part des autorités et voient leurs droits civiques et civils continuellement bafoués par des individus qui les traitent comme des étrangers uniquement à cause de leur couleur de peau. Leur vie en métropole, tel est le sujet de l’ouvrage de Trica Keaton.
[1] Note de la traductrice :
Jean-Paul Sartre, « Orphée noir », in : « Anthologie de la nouvelle poésie nègre et malgache de langue française», Léopold Sédar Senghor, page IX.
[2] Ib idem, page XII.
En un sens, on peut lire ce livre du point de vue des grands écrivains et activistes Noirs Américains tels que Richard Wright, James Baldwin ou Malcolm X. En revendiquant radicalement des droits civiques et une égalité de traitement aux États-Unis, ils ont appelé « l’homme blanc [à] écouter », s’il ne voulait pas subir « La prochaine fois, le feu ». Malcolm X a été l’un des premiers à établir un lien entre la lutte des Afro-Américains aux États-Unis et celle d’autres personnes non blanches en Europe. Voyant les émeutes qui éclataient à Birmingham dans les années 1960, il a mis en garde les Anglais : s’ils négligeaient le problème, ils risquaient de se retrouver dans une situation comparable à celle des États-Unis. L’ouvrage de Trica Keaton contient une mise en garde similaire à ton égard, France : ne reconstitue pas le racisme américain sur ton sol. Tes enfants noirs et arabes te supplient de leur accorder la pleine nationalité, de respecter leur individualité et de cesser de les enfermer dans des ghettos à l’américaine qui les sépare de tes autres enfants.
Mais c’est en sa qualité de chercheuse en sciences sociales que Trica Keaton t’adresse sa question la plus pressante, France. Elle l’appelle « le dilemme français », reprenant l’expression forgée par le sociologue suédois Gunnar Myrdal, qui a parlé du « dilemme américain ». Les travaux approfondis qu’elle a menés révèlent « des contradictions fondamentales entre la notion hautement abstraite de l’universalisme et la réalité vécue, à savoir la distinction ethnique et la discrimination racialisée des personnes non blanches ou d’origine non européenne. » En d’autres termes, tes enfants d’origine arabe ou africaine sont à la fois assimilés culturellement et exclus socialement. Pour emprunter d’autres expressions, cette fois de W.E.B. Du Bois, fondateur de la sociologie des races aux États-Unis, ces enfants sont doués d’une double conscience du fait qu’ils vivent à la fois derrière le voile, et au-dedans. C’est là que se trouve le paradoxe pour toi, France : si tu places le voile d’une certaine manière, tu obtiendras un résultat donné ; si tu le places autrement, tu obtiendras un résultat complètement différent. Ajuste la définition de l’universalisme à la lumière des nouvelles modernités et des autres mondialisations possibles, ou garde le vieux concept de l’universalisme français, si cher au Front National et aux autres racistes et conservateurs. Dans tous les cas, tu obtiendras deux France différentes : soit une nation démocratique et dynamique, soit une nation vieillissante, conservatrice et xénophobe.
Le premier choix est évidemment le souhait de tous ceux qui, comme nous, aiment la France, souhaitons. Néanmoins, faire preuve de souplesse concernant la définition de l’universalisme ne signifie pas tomber dans le relativisme, ni renoncer à la raison, ni même s’enfermer dans une quelconque forme de considération politique identitaire. Cela veut dire chercher une stratégie pour inclure tes « autres » enfants dans la nation, sans les réduire à une identité française obsolète ou à l’absolutisme ethnique. Cela nécessite de mobiliser tout le monde autour d’un objectif commun de « Liberté, Égalité, Fraternité » sans que certains doivent y laisser leur âme. Enfin, cela suppose de comprendre que des personnes d’origines diverses ont différentes manières d’embrasser leur identité française, sans se servir de cette différence pour les diviser. Nous réclamons une France multiculturelle – une nation qui est toujours en train de se construire, même si elle est déjà le flambeau de la démocratie et de la raison. Ton universalisme doit continuer de redécouvrir son essence dans ses nouveaux membres, et cessé d’être représenté comme figé et intemporel. Il faut oser penser une France qui n’est pas encore achevée et dont l’avenir dépend, entre autres, de ses enfants d’origine arabe ou africaine.
À côté de ce rêve d’une France multiculturelle, un modèle absolutiste et ethnocentrique d’universalisme prévaut actuellement dans la majeure partie de la sphère publique et des institutions. Il choisit des symboles triviaux comme le voile à l’école et s’en sert pour exclure les jeunes filles voilées de ta famille. Il refuse la nationalité française à des enfants noirs nés dans la banlieue parisienne au motif que leurs parents sont des immigrés clandestins. Il mobilise les images des imans radicaux, des hors-la-loi et des sans-emplois pour diaboliser des communautés entières, qu’il déclare inaptes à intégrer ta famille. En un mot, il se sert des stéréotypes et d’autres formes extérieures de représentation comme d’une arme dans une guerre contre « l’autre ». Il cherche à maintenir tes enfants d’origine arabe ou africaine dans une position que Pierre Bourdieu appelle « des êtres perçus » – perçus comme étrangers, et non comme Français.
France, si tu restes sur la voie de l’absolutisme ethnique, tu seras forcée de rejeter non seulement tes enfants, mais aussi l’idéalisme pour lequel tu es connue dans le monde : « Liberté, Égalité, Fraternité ». L’universalisme que tu devrais défendre, c’est la liberté et la démocratie pour les opprimés, pas une seule et unique manière d’être Français dans la mondialisation. L’universalisme que tu devrais étendre au monde, c’est l’hospitalité française et l’intégration des opprimés dans ta famille, au lieu de les renvoyer dans un environnement culturel intolérant, à la merci des dictateurs ou du fanatisme religieux. France, tu as besoin d’un universalisme nouveau et, comme toujours, courageux, capable de relever les défis modernes, au lieu de battre en retraite.
Enfin, France, tu n’as pas besoin de prendre parti dans les débats identitaires et la lutte politique entre le Front National et les jeunes filles musulmanes voilées. Tous deux ne sont que des symptômes d’un monde en changement, dans lequel le poids de ce qu’ils incarnent décroît. Ils peuvent bien se draper dans ton étendard ou se cacher derrière lui, ils ne sont pas les porteurs du flambeau de la démocratie. Ce flambeau, c’est toi, la France. Les travaux remarquables de Trica Keaton montrent à ceux qui veulent bien en prendre connaissance que le problème n’est pas le voile, mais les écoles et l’environnement dans lequel les enfants grandissent. À qui veut bien en prendre connaissance, son ouvrage indique la voie à suivre pour résoudre ton dilemme, France. J’espère que tu auras le courage de le lire.
Cordialement,
Manthia Diawara
New York, Accra, Paris
17 janvier 2005
Mais c’est en sa qualité de chercheuse en sciences sociales que Trica Keaton t’adresse sa question la plus pressante, France. Elle l’appelle « le dilemme français », reprenant l’expression forgée par le sociologue suédois Gunnar Myrdal, qui a parlé du « dilemme américain ». Les travaux approfondis qu’elle a menés révèlent « des contradictions fondamentales entre la notion hautement abstraite de l’universalisme et la réalité vécue, à savoir la distinction ethnique et la discrimination racialisée des personnes non blanches ou d’origine non européenne. » En d’autres termes, tes enfants d’origine arabe ou africaine sont à la fois assimilés culturellement et exclus socialement. Pour emprunter d’autres expressions, cette fois de W.E.B. Du Bois, fondateur de la sociologie des races aux États-Unis, ces enfants sont doués d’une double conscience du fait qu’ils vivent à la fois derrière le voile, et au-dedans. C’est là que se trouve le paradoxe pour toi, France : si tu places le voile d’une certaine manière, tu obtiendras un résultat donné ; si tu le places autrement, tu obtiendras un résultat complètement différent. Ajuste la définition de l’universalisme à la lumière des nouvelles modernités et des autres mondialisations possibles, ou garde le vieux concept de l’universalisme français, si cher au Front National et aux autres racistes et conservateurs. Dans tous les cas, tu obtiendras deux France différentes : soit une nation démocratique et dynamique, soit une nation vieillissante, conservatrice et xénophobe.
Le premier choix est évidemment le souhait de tous ceux qui, comme nous, aiment la France, souhaitons. Néanmoins, faire preuve de souplesse concernant la définition de l’universalisme ne signifie pas tomber dans le relativisme, ni renoncer à la raison, ni même s’enfermer dans une quelconque forme de considération politique identitaire. Cela veut dire chercher une stratégie pour inclure tes « autres » enfants dans la nation, sans les réduire à une identité française obsolète ou à l’absolutisme ethnique. Cela nécessite de mobiliser tout le monde autour d’un objectif commun de « Liberté, Égalité, Fraternité » sans que certains doivent y laisser leur âme. Enfin, cela suppose de comprendre que des personnes d’origines diverses ont différentes manières d’embrasser leur identité française, sans se servir de cette différence pour les diviser. Nous réclamons une France multiculturelle – une nation qui est toujours en train de se construire, même si elle est déjà le flambeau de la démocratie et de la raison. Ton universalisme doit continuer de redécouvrir son essence dans ses nouveaux membres, et cessé d’être représenté comme figé et intemporel. Il faut oser penser une France qui n’est pas encore achevée et dont l’avenir dépend, entre autres, de ses enfants d’origine arabe ou africaine.
À côté de ce rêve d’une France multiculturelle, un modèle absolutiste et ethnocentrique d’universalisme prévaut actuellement dans la majeure partie de la sphère publique et des institutions. Il choisit des symboles triviaux comme le voile à l’école et s’en sert pour exclure les jeunes filles voilées de ta famille. Il refuse la nationalité française à des enfants noirs nés dans la banlieue parisienne au motif que leurs parents sont des immigrés clandestins. Il mobilise les images des imans radicaux, des hors-la-loi et des sans-emplois pour diaboliser des communautés entières, qu’il déclare inaptes à intégrer ta famille. En un mot, il se sert des stéréotypes et d’autres formes extérieures de représentation comme d’une arme dans une guerre contre « l’autre ». Il cherche à maintenir tes enfants d’origine arabe ou africaine dans une position que Pierre Bourdieu appelle « des êtres perçus » – perçus comme étrangers, et non comme Français.
France, si tu restes sur la voie de l’absolutisme ethnique, tu seras forcée de rejeter non seulement tes enfants, mais aussi l’idéalisme pour lequel tu es connue dans le monde : « Liberté, Égalité, Fraternité ». L’universalisme que tu devrais défendre, c’est la liberté et la démocratie pour les opprimés, pas une seule et unique manière d’être Français dans la mondialisation. L’universalisme que tu devrais étendre au monde, c’est l’hospitalité française et l’intégration des opprimés dans ta famille, au lieu de les renvoyer dans un environnement culturel intolérant, à la merci des dictateurs ou du fanatisme religieux. France, tu as besoin d’un universalisme nouveau et, comme toujours, courageux, capable de relever les défis modernes, au lieu de battre en retraite.
Enfin, France, tu n’as pas besoin de prendre parti dans les débats identitaires et la lutte politique entre le Front National et les jeunes filles musulmanes voilées. Tous deux ne sont que des symptômes d’un monde en changement, dans lequel le poids de ce qu’ils incarnent décroît. Ils peuvent bien se draper dans ton étendard ou se cacher derrière lui, ils ne sont pas les porteurs du flambeau de la démocratie. Ce flambeau, c’est toi, la France. Les travaux remarquables de Trica Keaton montrent à ceux qui veulent bien en prendre connaissance que le problème n’est pas le voile, mais les écoles et l’environnement dans lequel les enfants grandissent. À qui veut bien en prendre connaissance, son ouvrage indique la voie à suivre pour résoudre ton dilemme, France. J’espère que tu auras le courage de le lire.
Cordialement,
Manthia Diawara
New York, Accra, Paris
17 janvier 2005
DE LA RACE ET DES CLASSIFICATIONS
D’ores et déjà, le discours sur la « race » prévaut dans la société française, à tel point qu’on entend fréquemment des gens se qualifier eux-mêmes ou qualifier d’autres personnes de noir, beur ou blanc et employer des racines ethniques (par exemple Gaulois) pour marquer une distinction, une différence. Certains préfèrent même se définir comme black plutôt que noir, et ce choix les relie à une certaine conscience américaine qui pénètre en France et dans certaines parties de l’Europe. Gaston Kelman a publié un livre très discuté, qui se moque des considérations politiques identitaires. Son titre est très parlant : Je suis noir et je n'aime pas le manioc (2003). Depuis longtemps, en France, les marqueurs supposés de la « race » – tels que la couleur de peau, les cheveux, les traits, des variations linguistiques et, par extension, le nom de famille, la religion ou certaines manières d’être – ont des significations sociales, étayées et éclairées par des idéologies et des orientations politiques influant sur elles. Le racisme scientifique, qui a légitimé l’esclavage et la colonisation, l’illustre de manière éclatante. Manifestement, des thèses comme celles défendues par Arthur de Gobineau dans son Essai sur l’inégalité des races humaines (1853) ont structuré à la fois la pensée et les orientations politiques racialistes, en France et au-delà, malgré la réfutation féroce mais largement ignorée de ces thèses par l’anthropologue haïtien Anténor Firmin.
À bien des égards, il existe un « dilemme français » comparable au « dilemme américain » identifié par Gunnar Myrdal (en 1944/1975). Ce dilemme est lié aux contradictions patentes entre, d’une part, les valeurs nationales chéries par la France – liberté, égalité, fraternité et laïcité – et, d’autre part, la pratique constante de la discrimination racialisée ciblée. Dans le contexte français, on associe généralement le problème social posé par cette discrimination aux questions d’inégalité sociale et d’immigration ou on l’amalgame avec la xénophobie. |
En d’autres termes, on part du principe que les individus non blancs sont victimes de discrimination parce qu’ils sont « immigrés » ou étrangers ; pas nécessairement parce qu’ils sont « black », d’origine africaine, ou d’origine asiatique (De Rudder, Poiret et Vourc'h 2000). Mais ce n’est pas parce qu’une chose n’est pas nommée du point de vue racial qu’elle n’est pas racialisée. La difficulté, dans le contexte français, par rapport au contexte américain, c’est qu’il n’y a pas de statistiques dites « ethniques » et qu’il est donc difficile d’établir qu’une population identifiée officiellement comme « française » est victime de discrimination racialisée (Simon 2000 ; Tribalat 1995 ; Simon et Stavo-Debauge 2002). Plusieurs associations antiracistes ont estimé qu’il était nécessaire de créer des sous-catégories de la catégorie Français pour connaître la discrimination racialisée et la combattre plus efficacement, même si les pouvoirs publics et l’opinion y sont hostiles. Il faut souligner qu’une nomenclature intégrant l’origine ethnique (et donc la « race ») est discriminatoire selon la Constitution française, et contraire aux principes universalistes inhérents à cette construction qu’est l’individu-citoyen attaché à un État-nation. De plus, ce type de classifications évoque encore le terrible souvenir du fichage ethnique sous le régime de Vichy.
Malgré tout, des groupes antiracistes, publics ou indépendants, montrent de manière récurrente que la discrimination racialisée se manifeste dans les structures sociales les plus fondamentales, comme l’emploi, le logement, l’école, les services sociaux, le système pénal et les relations avec la police. Quand j’examine ces questions au regard des expériences vécues par les participants à mon enquête, ce sont ces réalités qui se révèlent finalement constituer la race sociale, entité qui perdure alors même qu’on a décodé le génome humain et discrédité la notion de « race biologique ». Dans son essai sur les considérations politiques raciale internationales, le sociologue Michael Banton nous rappelle qu’il y a un risque de reproduire, par la connotation, ce que l’on cherche justement à démonter : « Le mouvement international antiraciste n’a jamais trop su comment éviter que le langage racialiste renforce l’identification d’une différence biologique et sociale » (2002, 3). Néanmoins, comme le fait justement remarquer le sociologue Loïc Wacquant dans un article intitulé Des « ennemis commodes. » Étrangers et immigrés dans les prisons d’Europe, les étrangers et assimilés pourraient être à l’Europe ce que les Noirs sont à l’Amérique (1999b, 216).
Malgré tout, des groupes antiracistes, publics ou indépendants, montrent de manière récurrente que la discrimination racialisée se manifeste dans les structures sociales les plus fondamentales, comme l’emploi, le logement, l’école, les services sociaux, le système pénal et les relations avec la police. Quand j’examine ces questions au regard des expériences vécues par les participants à mon enquête, ce sont ces réalités qui se révèlent finalement constituer la race sociale, entité qui perdure alors même qu’on a décodé le génome humain et discrédité la notion de « race biologique ». Dans son essai sur les considérations politiques raciale internationales, le sociologue Michael Banton nous rappelle qu’il y a un risque de reproduire, par la connotation, ce que l’on cherche justement à démonter : « Le mouvement international antiraciste n’a jamais trop su comment éviter que le langage racialiste renforce l’identification d’une différence biologique et sociale » (2002, 3). Néanmoins, comme le fait justement remarquer le sociologue Loïc Wacquant dans un article intitulé Des « ennemis commodes. » Étrangers et immigrés dans les prisons d’Europe, les étrangers et assimilés pourraient être à l’Europe ce que les Noirs sont à l’Amérique (1999b, 216).
Quoi qu’il en soit, les apparences sont trompeuses, et la réalité est toujours différente. Ce serait une erreur d’assigner un paradigme noir/blanc au contexte français ou d’encadrer les relations humaines dans ces catégories bien ordonnées. Ces raisonnements sont extrêmement puissants mais ils posent problème quand on l’applique aux jeunes originaires du continent africain. En effet, l’histoire des migrations, invasions, partitions et mélanges dans cette partie du monde – en un mot, la géopolitique – empêche de classer ces jeunes dans les catégories noir/blanc, malgré le discours populaire. Une autre erreur consisterait à considérer, sans discernement, que les Arabes sont « blancs » (comme le font les recensements américains et l’opinion publique américaine), que toute personne originaire de l’Afrique subsaharienne est « noire », et à rechercher des affinités entre individus sur la base de leur couleur de peau, de leur apparence physique et, de façon générale, de ce dont « ils ont l’air » (erreur fréquemment commise par les personnes conditionnées par les paradigmes noir/blanc). En outre, cela ne permet guère aux individus de se forger une conception d’eux-mêmes hors de ces catégories étroites réifiées et érigées en représentations d’une culture donnée. En effet, les prétendus marqueurs « raciaux » peuvent être de mauvais indicateurs d’une origine ethnique ou nationale et ne signifient pas l’appartenance à telle ou telle culture. Les individus qui se considèrent eux-mêmes comme africains ou noirs présentent une variété de traits physiques et de couleurs de peau. Mais surtout, être perçu comme africain ou arabe en France n’apporte jamais les mêmes avantages qu’être perçu comme français, au sens d’individu d’origine européenne et, de plus en plus souvent, de peau blanche. Dans ce contexte, la formation et la revendication d’une représentation de soi-même articulée autour de la notion de « Français » ou de « Français d’origine X » par les jeunes non blancs ou issus de l’immigration est un signe qui annonce une possible transformation du système de classification officiel, si ces jeunes continuent d’être distingués et de se distinguer eux-mêmes des français-français (autrement dit des Français de « souche », ceux dont le caractère français est supposé ne faire aucun doute).
RÉFLEXIONS SUR PARIS ET L’ART DE L’ENQUÊTE DE TERRAIN DANS UNE BANLIEUE PARISIENNE
… Depuis le XIXème siècle, Paris semble un refuge pour de nombreux Noirs Américains expatriés et exilés, qui fuient le racisme dont ils sont victimes dans leur pays. Mais paradoxalement, les descendants des peuples colonisés ou réduits en esclavage par la France se sont rarement sentis en sécurité ou libres dans la capitale française (Gondola 2004). Certes, la terreur raciale américaine, ses manifestations structurelles et la menace de violences physiques – lynchages, tabassages aléatoires ou viols – a été le moteur d’une émigration américaine à destination de Paris à l’époque qui a précédé le mouvement des Noirs Américains pour les droits civiques. En outre, des récits de migrations imprégnés de la légende d’une société parisienne ouverte à tous, dans laquelle ne vivent ni Jim Crow, ni Jacques Crow, ont exercé un attrait et largement contribué à forger l’image d’une France sans discrimination, qui continue d’attirer des Noirs Américains à Paris (Robeson 1936 ; Drake 1982 ; Irele 1981/1991 ; Fabre 1993 ; Stovall 1996 ; Wright). Des années 1900 à 1960, des internationalistes noirs se sont efforcés de dissiper cette image (notamment René Maran, Tiemoko Garan Kouyaté, Claude McKay, Alioune Diop, W. E. B. Du Bois, Mercer Cook, James Baldwin ou encore William Gardner Smith). Malgré cela, Paris demeure importante pour les Afro-Américains précisément en raison de cette légende. Mais surtout, la ville-lumière a été un espace et un terrain de rencontre essentiel pour le cosmopolitisme noir, l’intellectualisme et le dépassement des frontières comme il n’en existait apparemment nulle part ailleurs, et ce bien que les personnes d’origine africaine y soient en réalité traitées de manière hostile (Jules-Rosette 1998 ; Julien 2000 ; Edwards 2003). Autrefois, les Noirs Américains étaient à l’abri de cette hostilité parce qu’ils parlaient anglais – ou français avec un accent anglais – et qu’ils avaient la nationalité américaine, ce qui les distinguait des Noirs de France. Mais cela ne leur procure plus guère de protection aujourd’hui parce qu’il est assez facile d’obtenir un faux passeport, et que les Noirs Américains ne sont pas les seuls Noirs dotés d’un passeport américain. Nous ne sommes pas non plus les seuls anglophones dans Paris, ville d’accueil de la diaspora, où la fertilisation croisée transculturelle ne permet pas de savoir facilement qui est qui ou de quelle partie de la diaspora un individu vient.
Étant à la fois chercheuse et femme noire, ma volonté de rendre compte d’une évolution qui me paraît importante dans les considérations politiques identitaires et culturelles en France m’a valu d’être confrontée au même antagonisme et au même traitement discriminatoire que les personnes d’origine africaine à Paris. Ceci étant dit, je ne soulignerai jamais assez que j’avais également une relative liberté de mouvement, grâce à des cartes attestant de mon affiliation à quelques-unes des plus prestigieuses universités parisiennes. J’ai également bénéficié de la protection offerte par ma nationalité, même si celle-ci n’a pas toujours été un atout dans mon travail de terrain, notamment au moment où le sentiment anti-américain était à son plus haut niveau ou lorsque je me suis heurtée à la discrimination anti-noire ou à des manifestations d’hostilité de la part de diverses personnes, allant du boulanger du quartier au personnel de l’ambassade américaine, qui ne m’a jamais prise d’emblée pour une Américaine. J’étais « un être perçu », qu’on prenait soit pour quelqu’un originaire des Antilles ou de divers pays d’Afrique, soit pour une femme tentant de « se faire passer » pour une Noire Américaine ; dans les deux cas, j’étais sujette au même dédain. J’ai passé plusieurs années à apprendre le français et j’ai mis un point d’honneur à me débarrasser de mon accent américain. Mais mes efforts ont eu un coût caché car, en escamotant ce marqueur linguistique notoire, je me suis exposée à un triste aspect des relations humaines dans la France urbaine. Ce fut une épreuve sur le plan personnel mais cela s’est révélé être un atout inattendu pour ma recherche. Faire l’expérience du racisme m’a en effet sensibilisée aux actes d’hostilité et aux incivilités réservées habituellement à ceux à qui on me prêtait une parenté basée sur la couleur de peau et dont je recherchais une plus grande proximité. Mais bien sûr, mon expérience n’est rien en comparaison des violences subies par les personnes d’origine africaine et autres « ennemis commodes » en France, dont je rends compte. Au vu de leur expérience et de la mienne, Paris est à la fois affreux et sublime, comme nombre de villes d’accueil de la diaspora. C’est peut-être pour ces raisons que je suis sans cesse attirée vers la complexité de ces lieux, malgré la réception hostile à laquelle je m’expose, qui est dictée par le mépris pour telle ou telle catégorie en vigueur à ce moment-là, qu’elle soit définie par la classe sociale, la « race », la couleur de peau, le genre, la nationalité ou l’origine nationale.
EN SAVOIR PLUS SUR LES PERSONNALITÉS DU FILM
JOSÉPHINE BAKER
Le 30 novembre 2021, Joséphine Baker est devenue la première femme noire et la première Française d’origine américaine à entrer au Panthéon. Lisez l’article de NPR (en anglais) pour en savoir plus sur Joséphine Baker.
James Baldwin
Présentation de la vie et l’œuvre de James Baldwin par Gwendolyn Brooks, conseillère en poésie à la Bibliothèque du Congrès américain, suivie d’une lecture par l’écrivain d’extraits de deux essais publiés dans les années 1950 et de passages tirés de ses œuvres de fiction (en anglais). Enregistré le 28 avril 1986 à l’auditorium Coolidge de la Bibliothèque du Congrès américain, Washington, D.C.
Richard Wright
Richard Wright parle de son amour pour Paris. Enregistrement publié avec un article de WNYC, diffusé à l’origine lors d’une émission intitulée « Le monde de l’art parisien », dans le cadre du premier festival d’art de WNYC, en octobre 1950.
Barbara Chase-Riboud
En 2021, Barbara Chase-Riboud a été lauréate du prix d’honneur de AWARE (Archives of Women Artists, Research and Exhibitions). Lisez l’article pour en savoir plus sur elle.
Visitez le site Internet de Barbara Chase-Riboud.
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LECTURES RECOMMANDÉES
* paru en français
- Archer-Straw, Petrine. Negrophilia. Thames & Hudson, 2000.
- *Bachollet, Raymond, et al. Négripub: L’image des Noirs dans la publicité. Editions Somogy, 1992
- Baker, Joséphine & Jo Bouillon. Joséphine. Harper & Row Publishers, 1977.
- Baldwin, James. The Price of the Ticket: Collected Nonfiction 1948-1985. St. Martin’s Press, 1985.
- *Bancel, Nicolas, et al. Zoos Humains : de la Vénus Hottentote aux reality shows. Editions La Découverte, 2002.
- Bernard, Catherine. Afro-American Artists in Paris: 1919-1939. Hunter College, 1989.
- *Blanchard, Pascal, et al. Le Paris noir. Hazan, 2001.
- *---. La France noire. Editions La Découverte, 2011.
- Bomani, Asake and Belvie Rooks, editors. Paris Connections: African-American Artists in Paris. Q.E.D. Press, 1992.
- Bricktop with Haskins, James. Bricktop. Welcome Rain Publishers, 2000.
- Bruce, Marcus C. Henry Ossawa Tanner: A Spiritual Biography. The Crossroad Publishing Company, 2002.
- Campbell, James. Talking at the Gates: A Life of James Baldwin. University of California Press, 1991.
- *Chalaye, Sylvie. Du noir au nègre: l’image du noir au théâtre (1550-1960). Editions L’Harmattan, 1998.
- Chase-Riboud, Barbara. Sally Hemings: A Novel. Viking Press, 1979.
- ---. Hottentot Venus: A Novel. Doubleday, 2003.
- Chatterton-Williams, Thomas. “Is Paris Still a Haven for Black Americans?” Smithsonian Journeys Travel Quarterly: Paris, 23, Apr. 2015, https://www.smithsonianmag.com/travel/paris-still-haven-blackamericans-180955082/.
- Fabre, Michel. From Harlem to Paris: Black American Writers in France, 1840-1980. University of Illinois Press, 1991.
- Himes, Chester. My Life of Absurdity. Thunder’s Mouth Press, 1976.
- Jackson, Jeffrey H. Making Jazz French. Duke University Press, 2003.
- Jules-Rosette, Bennetta. Joséphine Baker in Art and Life: The Icon and the Image. University of Illinois Press, 2007.
- Keaton, Trica Danielle. Muslim Girls and the Other France: Race, Identity Politics, & Social Exclusion. Indiana University Press, 2006.
- Keith, Phil with Tom Clavin. All Blood Runs Red: The Legendary Life of Eugene Bullard – Boxer, Pilot, Soldier, Spy. Hanover Square Press, 2019.
- Lamar, Jake. Rendezvous Eighteenth: A Novel. St. Martin’s Minotaur, 2003.
- ---. Ghosts of Saint-Michel: A Novel. St. Martin’s Minotaur, 2006.
- Leeming, David. James Baldwin. Alfred A. Knopf, 1994.
- Leininger-Miller, Theresa. New Negro Artists in Paris: African American Painters and Sculptors in the City of Light, 1922-1934. Rutgers University Press, 2001.
- Lloyd, Craig. Eugene Bullard, Black Expatriate in Jazz-Age Paris. University of Georgia Press, 2000.
- Lordi, Emily. “The Black Artists Leaving America.” The New York Times Style Magazine, 20, Aug. 2021, https://www.nytimes.com/2021/08/20/t-magazine/black-artists-expatriates.html.
- Mitchell, Robin. Vénus Noire: Black Women and Colonial Fantasies in Nineteenth-Century France. University of Georgia Press, 2020.
- Morgan, Sharon Leslie. Paris in a Pot: Living a Dream in the City of Light (A Memoir). Sharon Leslie Morgan, 2016.
- Rampersad, Arnold. The Life of Langston Hughes. Volume I: 1902-1941. I, Too, Sing America. Oxford University Press, 1986.
- Rowley, Hazel. Richard Wright. Henry Holt and Company, 2001.
- Selz, Peter and Anthony F. Janson. Barbara Chase Riboud, Sculptor. Harry N Abrams, Inc., 1999.
- Sharpley-Whiting, T. Denean. Black Venus: Sexualized Savages, Primal Fears, and Primitive Narratives in French. Duke University Press, 1999.
- ---. Negritude Women. University of Minnesota Press, 2002.
- ---. Bricktop’s Paris. State University of New York Press, 2015.
- Stovall, Tyler. Paris Noir. Houghton Mifflin Company, 1996.
- The Studio Museum in Harlem. Explorations in the City of Light: African-American Artists in Paris, 1945-1965. The Studio Museum in Harlem, 1996.
Ce dossier pédagogique est développé par Monique Y. Wells, Paddy Bowman, Alan Govenar et Jason Johnson-Spinos. Il est produit par Documentary Arts avec le soutien de la Florence Gould Foundation.
Nous cherchons à montrer le plus de points de vue possibles sur les questions complexes soulevées dans le film. Vos remarques sont les bienvenues.
Nous cherchons à montrer le plus de points de vue possibles sur les questions complexes soulevées dans le film. Vos remarques sont les bienvenues.
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